
mardi 12 août 2025
Se reconstruire ne veut pas dire redevenir comme avant
Il est des épreuves qui bouleversent une vie : un deuil, une rupture, une maladie, un traumatisme, une perte de repères... Dans ces moments-là, il est naturel de vouloir revenir à "la personne que l'on était avant", comme si l’on cherchait à effacer la faille, à retrouver une version intacte de soi.
Mais la vérité, c’est que se reconstruire ne signifie pas redevenir comme avant.
L’illusion du retour en arrière
L’idée de redevenir « comme avant » est rassurante. Elle offre l’image d’un passé idéalisé, d’un soi intact, insouciant, non blessé. Pourtant, cela relève souvent du mirage.
Nous ne sommes pas des statues que l’on restaure à l’identique. Nous sommes des êtres vivants, traversés par le temps, les émotions, les pertes et les renaissances.
L’épreuve, quelle qu’elle soit, laisse une empreinte. Elle nous façonne, nous interroge, parfois nous brise. Mais elle peut aussi devenir le terreau d’une transformation profonde.
Se reconstruire, c’est accueillir le changement
Reconstruire ne veut pas dire annuler ce qui a été. Cela signifie intégrer, accepter, transmuter.
Cela peut prendre du temps. Il faut parfois passer par des phases de colère, de déni, de tristesse ou d’abattement. Mais peu à peu, avec de la patience, un accompagnement bienveillant, et parfois du silence, une autre version de soi émerge.
Non pas une copie de l’ancienne. Mais une version plus ancrée, plus lucide, souvent plus tendre envers elle-même.
Le sens de la cicatrice
Dans certaines traditions, on dit que les cicatrices sont sacrées. Elles sont le signe que l’on a traversé l’épreuve, et que l’on est vivant.
En sexothérapie, nous rencontrons souvent des personnes marquées dans leur chair, leur désir ou leur confiance. Le travail ne consiste pas à "effacer" la douleur, ni à "revenir à la normale", mais à redonner un sens. À accompagner la personne vers une nouvelle manière d’habiter son corps, sa parole, ses liens.
La sexualité, la relation à soi, à l'autre, peuvent renaître différemment. Plus lentement parfois, mais avec une profondeur nouvelle.
Une autre façon d’être soi
Se reconstruire, c’est parfois apprendre à vivre autrement. Avec de nouveaux repères. Avec des limites plus claires. Avec un cœur plus conscient de sa fragilité… mais aussi de sa force.
C’est une forme de maturité intérieure, souvent invisible aux yeux du monde, mais profondément réelle.
N’attendez pas de redevenir celui ou celle que vous étiez. Offrez-vous la possibilité de devenir celui ou celle que vous êtes en train de devenir.