
vendredi 13 juin 2025
Est-ce que je l’aime… ou est-ce que j’aime l’idée d’être aimée ?
C’est une question que peu de gens osent vraiment se poser. Parce qu’elle dérange. Parce qu’elle remet en question ce qu’on croit savoir sur l’amour. Et pourtant, elle est essentielle.
Beaucoup de relations amoureuses se construisent non pas sur un amour sincère et réciproque, mais sur un besoin. Besoin de se sentir choisi·e, de se sentir important·e pour quelqu’un, besoin de sécurité affective ou d'une reconnaissance extérieure que l’on n’a pas encore trouvée en soi.
Alors comment savoir si l’on aime vraiment l’autre… ou si l’on aime surtout ce que sa présence vient nourrir chez nous ?
L’amour ou le besoin d’être aimé ?
L’amour vrai est un mouvement qui va vers l’autre, dans sa singularité, ses forces et ses fragilités. Il suppose une ouverture, une curiosité authentique, une envie de rencontrer l’autre tel qu’il est — pas tel qu’on voudrait qu’il soit.
Mais quand on aime surtout l’idée d’être aimé, ce n’est plus de l’amour, c’est une forme de projection. On est touché par ce que l’autre nous renvoie : une image valorisée de nous-même, un rôle réconfortant (celui de la personne "aimable", "désirable", "importante"). Et cela peut suffire à nous attacher… sans pour autant que ce soit de l’amour.
Signes que je suis peut-être plus attaché à l’idée d’être aimé qu’à l’autre lui-même :
Je ressens une peur panique à l’idée de ne plus être l’objet de son attention.
Je ne supporte pas qu’il ou elle ne me donne pas la priorité.
Je ressens souvent un vide ou un manque quand je suis seul, et la relation vient combler cela.
Je me sens flatté d’être choisi, mais pas forcément ému par qui est l’autre en profondeur.
Je suis très réactif à ses validations ou à ses critiques : mon estime de moi dépend de son regard.
Aimer quelqu’un, c’est autre chose
Aimer, c’est reconnaître l’autre dans ce qu’il a d’unique. Ce n’est pas attendre qu’il nous rassure en permanence ou qu’il remplisse les manques que nous ne savons pas combler seuls.
C’est pouvoir se sentir bien à ses côtés, mais aussi savoir rester soi-même quand il ou elle n’est pas là. C’est pouvoir accueillir ses limites, ses zones d’ombre, ses silences, sans vouloir les transformer pour satisfaire nos besoins.
C’est aussi accepter que l’amour ne soit pas toujours confortable. Il remue, il confronte, il fait grandir. Mais il ne manipule pas, ne contrôle pas, ne supplie pas.
Quelques questions pour faire le tri :
Si cette personne ne m’aimait plus, que resterait-il de mon intérêt pour elle ?
Est-ce que je peux l’aimer même quand elle ne répond pas à mes besoins immédiats ?
Est-ce que je me sens libre d’être moi dans cette relation ?
Est-ce que je peux l’écouter et le/la voir tel qu’il/elle est, sans vouloir le/la changer ?
Est-ce que mon attachement est fondé sur un choix conscient, ou sur une peur de l’abandon ?
Conclusion : Un chemin vers plus de clarté
Cette réflexion n’a pas pour but de juger, mais d’ouvrir les yeux. Nous avons tous, à un moment ou à un autre, aimé à travers notre besoin d’être aimé. C’est humain. Mais plus nous en prenons conscience, plus nous pouvons nous en libérer, et cheminer vers un amour plus vrai, plus mature, plus apaisé.
Aimer, ce n’est pas posséder. Ce n’est pas exiger. Ce n’est pas remplir un vide.
Aimer, c’est choisir l’autre, jour après jour, non pas pour ce qu’il nous donne… mais pour ce qu’il est.